Le site Natura 2000 se compose de six entités distinctes, présentant chacune des caractéristiques écologiques et des menaces qui leur sont propres. Il convient alors de définir pour chaque entité les enjeux et des objectifs de conservation adaptés.
Entité A : Coteaux de la Seine à Notre-Dame-de-la-Mer
Surface: 103,07 hectares
Commune: Notre-Dame-de-la-Mer (anciennement Jeufosse et Port-Villez) (Yvelines)
Au niveau de la première entité du site, la Seine forme le coteau de Port-Villez et Jeufosse au niveau de la boucle de Limetz-Villez, au niveau de l'embouchure avec l'Epte. Le coteau, exposé au nord-est et avec de fortes pentes, forme un barrage naturel à la frontière historique avec la Normandie, d'autant plus qu'il est très boisé en l'absence d'intervention humaine. Les forêts de ravin qui en résultent abritent des espèces sub-montagnardes ; quelques pelouses calcaires sont par ailleurs encore présentes.
En raison de la forte pente, les activités humaines sont quasiment nulles, la seule activité présente étant la chasse qui ne concerne que le chevreuil et le sanglier. L'entité est donc peu menacée, et une gestion ordinaire devrait être suffisante pour assurer la conservation des milieux:
- Débroussaillage et fauche des pelouses calcaires pour lutter contre la fermeture de ces milieux, avec éventuellement utilisation du pâturage ovin ;
- Elimination des ligneux envahissants sur les pelouses les plus refermées
- Lutte contre les décharges sauvages
Entité B : Coteaux de la Seine de Tripleval à Vétheuil
Surface: 286,19 hectares
Communes: Bennecourt, Gommecourt (Yvelines), Chérence, Haute-Isle, La Roche-Guyon, Vétheuil (Val d'Oise)
Façonnés par la Seine, les coteaux dessinent un motif spécifique de la vallée, et font partie des paysages les plus impressionnants de la région, avec leurs falaises aux versants raides et leurs promontoires de craies blanches uniques en Ile-de-France. Ces paysages ont ainsi inspiré Claude Monet, qui y a peint environ 150 peintures. La richesse exceptionnelle du site a conduit à la désignation de la Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine, gérée par le Parc naturel régional du Vexin, et qui englobe une majorité des pitons entre Gommecourt et Vétheuil.
Exposés au sud, les coteaux accueillent une flore thermophile d'affinité plutôt méditerranéenne, avec notamment de belles pelouses calcaires parsemées d'orchidées remarquables. Ces milieux à forte valeur écologique sont menacés par la fermeture naturelle du site par colonisation des ligneux ou de certaines Graminées. En effet, l'arrêt des activités agricoles a entraîné l'apparition d'une dynamique naturelle conduisant à la fermeture des milieux ouverts.
La fréquentation humaine est de plus en plus forte sur certains secteurs, avec le développement de nouvelles pratiques sportives et de loisir pouvant porter atteinte au site (VTT, rave-party, et véhicules à moteur comme moto-cross et quads pourtant interdits sur le territoire de la Réserve naturelle nationale).
Les mesures de gestion suivantes sont ainsi proposées:
- fauche pour maintenir les pelouses ouvertes
- débroussaillage pour stopper la progression des ligneux
- étrépage (prélèvement d'une couche superficielle du sol) pour favoriser la réimplantation de groupements végétaux pionniers
- pâturage pour maintenir l'ouverture des pelouses
Entité C : Landes et forêts de la boucle de Moisson
Surface: 338,07 hectares
Communes : Freneuse, Moisson, Mousseaux-sur-Seine (Yvelines)
La boucle de Moisson forme un amphithéâtre de 4,5 km de diamètre, sur environ 2700 hectares et relié à la terre par un isthme de 2,5 km de large qui referme le méandre. Elle est boisée en son centre, entourée de zones agricoles et de zones industrielles d'extraction des sédiments silico-calcaires rejetés par les méandre de la Seine, qui ont créé des secteurs de pelouses sur sable, de landes à Calune et à Genêt, de chênaies ainsi que de grands plans d'eau favorables à l'avifaune. L'intégralité de la zone est ainsi classée Zone de Protection Spéciale (ZPS) "Boucles de Moisson, de Guernes et de Rosny" ; Ile-de-France Nature en est la structure animatrice.
S'il existe encore des activités d'extraction de granulats sur le site, les zones d'exploitation sont localisées et ne concernent pas directement le site. Des projets d'extension pourraient en revanche lui porter atteinte. De même, la fréquentation en constante évolution en raison de la proximité des grandes agglomérations et de la base de loisir de Lavacourt pourrait à terme menacer les habitats et espèces d'intérêt communautaire.
Les zones de landes et de pelouses sont par ailleurs menacées par la dynamique de fermeture naturelle des milieux.
Ainsi, les mesures suivantes sont proposées:
- favoriser la mosaïque de milieux en effectuant une fauche dans les zones de pelouses et de prairies, un broyage de la Calune et un contrôle des végétaux envahissants
- réouvrir les landes boisées pour restaurer les landes et pelouses ouvertes
- maintenir les pelouses à orchidées
Entité D : Forêts et pelouses de Roconval à Chérence
Surface: 168,10 hectares
Communes : Amenucourt, Chérence, Haute-Isle, La Roche-Guyon (Val d'Oise)
Au niveau d'Amenucourt, la forêt et les coteaux de Roconval marquent une transition nette avec les coteaux calcaire de Haute-Isle et de Chérence, et plongent vers la vallée de l'Epte, grande vallée clairement définie avec un fond de vallée humide, des versants cultivés et les sommes boisés formant une frontière naturelle historique entre l'Ile-de-France et la Normandie.
L'entité est composée principalement de bois calcicoles, avec des formations de buis et de vieilles hêtraies, côtoyant des zones ouvertes de pelouses.
Le site est globalement peu menacé; il est cependant nécessaire de gérer les pelouses afin d'éviter la fermeture naturelle du milieu. Un compromis devra également être trouvé pour concilier ouverture au public, exploitation forestière et gestion conservatoire.
Les actions suivantes pourront être mises en place:
- maintien des formations à buis
- maintien des peuplements pluristratifiés, si possible en régénération naturelle
- maintien de vieux peuplements et d'arbres morts ou dépérissants
- maintien des ouvertures par une gestion adaptée (fauche, débroussaillage, pâturage ovin)
Entité E : Bois des Buttes de Villers à Arthies
Surface: 38,30 hectares
Communes: Chaussy, Maudétour-en-Vexin (Val d'Oise)
L'entité est caractérisée par un ensemble de buttes culminant à 200 mètres d'altitude, couvertes de bois acidophiles riches en espèces rares, notamment au niveau des sources (présence de bois tourbeux et de tourbières de pentes). Cette succession de buttes marque par ailleurs une séparation entre la vallée de la Seine et le plateau du Vexin, au sein du plateau d'Arthies. L'alignement des buttes et leur sommet boisé constituent en effet une structure paysagère notable du paysage, au contraste marquant avec les coteaux calcaires des bords de Seine.
Les flancs des buttes sont soulignés par des lisières boisées, occupés par des villages ruraux compacts et parfois marqués par de grands alignements d'arbres le long des routes. Entre chaque butte, le plateau est structuré en openfield, avec une mosaïque de champs cultivés et de prairies.
La principale menace pesant sur cette entité est la fermeture naturelle ou artificielle des zones tourbeuses, conduisant à leur appauvrissement. Les mesures suivantes peuvent être mises en place:
- fauchage ou débroussaillage pour maintenir les tourbières boisées et les prairies à Molinie
- gestion sylvicole douce afin de préserver la qualité du régime d'alimentation des zones humides
- rétablissement de la source d'alimentation de la tourbière boisée du bois de Villers
- lutte contre les décharges sauvages
Entité F : Bois du Chesnay, pelouses de la Sablonnière et butte argileuse du Hutrel
Surface: 481,10 hectares
Communes: Follainville-Dennemont, Saint-Martin-La-Garenne (Yvelines), Vétheuil, Vienne-en-Arthies (Val d'Oise)
Parallèles aux buttes d'Arthies mais plus au sud, dans les Yvelines, les buttes Marisis émergent au niveau du bois du Chesnay, limitant la fermeture du méandre de la boucle de Guernes. En bordure de ces buttes boisées s'étendent des cultures très ouvertes, laissant apparaître des villages ruraux ou au contraire des points de vue vers l'agglomération mantoise très urbanisée. Les rus du Roy, émergeant du vallon de Vétheuil, coulent à travers les buttes au niveau de Vienne-en-Arthies.
Cette entité, bâtie autours des hautes terrasses alluviales de la Seine, présente des imbrications exceptionnelles de milieux calcicoles et acidophiles, ainsi que des coteaux sablo-calcaires. En raison de ces spécificités, le site est un bastion en Ile-de-France pour plusieurs espèces végétales protégées, et mérite de ce fait une protection importante.
Les actions suivantes peuvent être mises en place:
- maintien des milieux ouverts par fauchage, débroussaillage, étrépages localisés ou pâturage extensif
- limiter la gestion forestière à une "gestion patrimoniale" du peuplement actuel
- gestion du marais tourbeux
- gestion des mares de la butte du Hutrel pour éviter leur envasement
- entretien du bas-marais alcalin par fauche ou débroussaillage afin de limiter l'envahissement par les ligneux
- préservation de la source à formation de tufs
